Une modification importante a été intégrée concernant la population transgenre : le terme stigmatisant « transsexualisme » qui figurait depuis 1975 au chapitre des maladies mentales disparaît au profit de la dénomination « incongruence de genre », inclue dans le chapitre dédié à la santé sexuelle.
Le premier souci de ce projet est évident : on continue à faire l’amalgame entre sexualités et identités de genres !
En outre, si cette sortie théorique des maladies mentales est un pas vers la dépsychiatrisation des personnes transgenres, cela ne les empêchera malheureusement sans doute pas encore d’être soumises par les équipes de genres officielles à un diagnostic plutôt qu’à leur simple autodétermination de qui elles sont, avant d’avoir accès à leurs éventuels soins de santé transspécifiques. Diagnostics d’« incongruence de genre » qui, en pratique, continueront alors à ne pas tenir compte de la multiplicité des identités transgenres et notamment non-binaires.
En effet, à l’heure actuelle, nous n’avons aucune certitude quant à savoir si l’OMS ira plus loin au niveau de l’autodétermination des personnes transgenres en abandonnant toute exigence de diagnostic médical, de délais d’attente et de tests.
=> « La nouvelle version de la CIM 11 sera votée à l’OMS par les pays membres en mai 2019 pour une application à partir du 1er janvier 2022. D’ici là, des lignes peuvent encore bouger avant le rendu du texte final. Il est donc important de faire pression sur l’OMS pour que la diversité des identités de genre ne soit plus soumise à un diagnostic, quel qu’il soit, permettant alors aux personnes transgenres de vivre leur genre librement tout en disposant d’un accès égalitaire au système de santé. » (propos empruntés à Delphine Ravisé-Giard, Présidente de l’Association Nationale Transgenre).
Dans le projet du CIM-11, il est fait mention de sexe d’assignation : cela change tout pour les personnes intersexuées. Les personnes intersexes sont pathologisées et les personnes transgenres, non binaires et/ou aux genres fluides ne sont pas épargnées non plus par le CIM-11
(propos empruntés à Vincent Guillot et à l’OII https://oiieurope.org/who-publishes-icd-11-and-no-end-in-sight-for-pathologisation-of-intersex-people/)
Avant pour le pire et parfois le mieux, la psychiatrie faisait une différence entre inter et trans, les unEs étant foLLEs, les autre des ratéEs de la nature. Cela faisait que les nomenclatures protégeaient les personnes intersexuées en théorie, de la psychiatrisation lorsqu’elles refusaient le dicktat de l’assignation médico-légale. Bien sûr cela n’était que théorique mais tout de même c’était un levier que nous pouvions utiliser dans la défense de nos pairs et dans nos politiques.
Aujourd’hui avec le terme sexe d’assignation, les personnes inter refusant ce dit sexe d’assignation se retrouvent donc dans la catégorie incongruence de genre ; Ce ne sont donc pas les médecins qui se trompent mais bien nous qui sommes atteint·e·s d’une pathologie mentale. Cela ouvre la porte à la possibilité médicale de nous considérer comme malades mentaux et de nous psychiatriser. La boucle de notre enfer est bouclée.
Le CIM-11 classe toujours les intersexuations dans les pathologies et autres anomalies (« Multiple developmental anomalies or syndromes » et « disorder of sex development » (DSD) ) que les médecins veulent éradiquer en mutilant nos corps :
- LD2A Malformative disorders of sex development
- LD2A.0 Ovotesticular disorder of sex development
- LD2A.1 46,XY gonadal dysgenesis
- LD2A.2 Testicular agenesis
- LD2A.3 46,XY disorder of sex development due to a defect in testosterone metabolism
- LD2A.4 46,XY disorder of sex development due to androgen resistance
- LD56 Chimaera 46, XX, 46, XY
- 5A71.1 46,XX disorders of sex development induced by androgens of maternal origin
- 5A71.01 Congenital adrenal hyperplasia
- LD2A.Y Other specified malformative disorders of sex development
- LD2A.Z Malformative disorders of sex development, unspecified
- ED72 Hirsutism and syndromes with hirsutism
Le CIM-11 parle d’incongruence de genre :
- HA60 Gender incongruence of adolescence or adulthood
- HA61 Gender incongruence of childhood
- HA6Z Gender incongruence, unspecified