Résumé de la présentation
Depuis une dizaine d’années, l’histoire de l’hermaphrodisme a été étudiée dans une perspective de genre. Ces travaux ont montré toute la complexité de la définition du sexe en médecine occidentale en l’absence d’un critère biologique unique pour le déterminer assurémment. L’histoire de l’hermaphrodisme met donc en question la primauté du sexe sur le genre dans la lignée des travaux de Judith Butler.
La question de la définition du sexe « normal » est ici abordée dans une perspective historique en élargissant le cadre d’analyse aux anomalies sexuelles en général, qu’elles induisent ou non un doute sur le sexe. La présentation se base sur mon mémoire d’histoire contemporaine sur le sujet. L’exposé portera sur différentes facettes du traitement des problèmes liés aux organes génitaux en médecine belge en abordant successivement trois thèmes.
Le premier aura trait aux opérations de « correction » des organes génitaux au 19ème siècle sur base d’articles d’époque. J’analyserai la manière dont le « régime de genre » dirige les demandes des patient-e-s et conditionne les réponses apportées par les médecins.
Le second thème sera constitué par la vaste thématique de l’hermaphrodisme. Après avoir expliqué le contexte international et cadré le sujet au sein de sa période, je pointerai les différentes réflexions qu’eurent les auteurs belges lorsqu’ils furent confrontés à des hermaphrodites.
Le troisième volet retracera un débat ayant eu lieu au cours de la dernière décennie du 19ème siècle à propos des opérations de castration pratiquées sur les femmes au sein de la Société belge de gynécologie belge. La conclusion tentera de résoudre la question suivante : qu’est-ce que la monstruosité du sexe ? Avoir un sexe difforme, méconnaissable ou amputé sont des situations différentes posant des questions éthiques spécifiques au corps médical, mais ces sexes participent tous de la figure du monstre. Etudier les limites que ces sexes franchissent permet de tracer les contours d’un sexe « normal » qui fait la règle en silence.