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Traitements de normalisation binaire

Publié le 6 avril 2008 - modifié le 14 juin 2019

Depuis les années ’50 et les expérimentations psycho-médicales effrénées, beaucoup de personnes intersexuées ont subi dès la naissance une ou plusieurs opérations chirurgicales visant à "corriger" leur appareil uro-génital afin de le rendre conforme aux normes binaires (en résumé : homme = individu muni de deux testicules et d’un pénis permettant l’urination en position debout et la pénétration vaginale / femme = individu dépourvu d’un pénis et possédant un vagin calibré pour la pénétration hétérosexuelle). La plupart du temps, ces opérations nécessitent plusieurs "retouches" et s’accompagnent de soins contraignants voire traumatisants et d’un traitement hormonal lourd et sans fin. Lorsqu’ils sont pratiqués sans le consentement éclairé des parents, il y a tout lieu d’estimer que ces traitements de normalisation binaire s’assimilent à des mutilations génitales. Plusieurs pays (Suisse, p.ex.) ont dès lors adopté un moratoire pour ce type d’opérations et n’y recourent qu’à la demande expresse des personnes concernées (enfant et parents).

Actuellement en phase d’exploration sur les pratiques médicales en vigueur en Belgique, Genres Pluriels n’a pas encore arrêté de revendication officielle claire concernant ces traitements.

Voici l’avis de l’OII, transmis par Curtis Hinkle :

Plutôt que de "mutilations", l’OII préfère parler de traitements de normalisation sans le consentement éclairé dans sa position officielle et encourage les individus à utiliser le terme "mutilation" pour décrire ces
traitements si c’est comme cela qu’on les a ressentis. La
position officielle doit en effet prendre en compte autant de perspectives
différentes que possible.

Au lieu de "chirurgies normalisatrices", l’OII parle de "traitements de normalisation sans le consentement éclairé" pour plusieurs raisons :

1) Cette expression englobe les traitements hormonaux que beaucoup de personnes ressentent aussi comme des mutilations si l’on écoute attentivement leurs témoignages ;

2) Il est parfois difficile de faire comprendre que les chirurgies
"virilisantes" sont aussi des mutilations pour certaines personnes ;

3) L’OII respecte ses allié·e·s trans’ et de genres fluides et pour beaucoup d’entre ellis, ces traitements sont très importants et ne sont pas des mutilations (pour beaucoup de personnes intersexuées non plus).

C’est à la personne concernée d’utiliser le terme "mutilation" mais
l’OII ne peut pas décrire ces traitements comme des mutilations en
général car ce ne sont pas les traitements en soi qui posent problème,
c’est le consentement.