S’il fallait encore se convaincre de l’absurdité de la compétition sportive et de sa logique poussée à l’excès au travers des Jeux Olympiques [1], voici que le scandale des « tests de sexe » démontre le caractère sexiste de cet événement international. Non content d’attiser la course au dopage indétectable et d’offrir une vitrine de choix aux multinationales et aux pires dictatures [2], le Comité International Olympique promeut également la bicatégorisation par sexe qui infériorise les femmes et humilie les personnes trans’ et intersexuées.
Une affaire d’hommes
Loin d’émanciper les femmes qui voudraient de manière illusoire s’affirmer les égales des hommes au moyen des performances sportives [3], la non mixité des épreuves renforce l’idée d’une inégalité « naturelle » et universelle entre « hommes » et « femmes », alors qu’une catégorisation par taille ou par poids (ou pas de catégorisation du tout !) aurait au moins l’avantage de mettre tou·te·s les participant·e·s sur un pied d’égalité. Mais cela est-il vraiment étonnant ? Virilisme et olympisme ont toujours fait bon ménage, un ménage à trois d’ailleurs car le nationalisme fait partie intégrante du projet olympique. Le mirage de la « paix des nations » occulte le fait qu’il ne s’agit que d’une démonstration de force virile où diversité et partage n’ont pas leur place. Finalement, lancer un javelot le plus loin possible, sauter le plus haut, courir le plus vite, avoir la voiture la plus rapide ou diriger la plus grande entreprise ne sont que des variantes d’une même volonté : avoir la bite la plus grosse. Pour départager les volontaires, une solution bien plus simple et moins coûteuse serait dès lors d’organiser une épreuve du type « qui pisse le plus loin ? », avec accessoires manuels autorisés, bien sûr, histoire de permettre à tout le monde de faire pipi debout.
Des tests sexistes
Plus sérieusement, les personnes qui participent avec entrain à cette pantalonnade grotesque doivent accepter de se soumettre à des tests de « sexe » censés déceler les tricheries mais dont l’inanité révèle toute l’absurdité de la mystification sexiste. L’impossibilité de déterminer génétiquement le sexe d’une personne (puisqu’il s’agit au plus d’un phénotype ! [4]) conduit à dénoncer la bicatégorisation par sexe comme une discrimination sexiste qui, d’une part, réaffirme la suprématie des « hommes » en naturalisant la féminité [5] et, d’autre part, stigmatise toutes les personnes dont la variation sexuelle n’entre pas dans le schéma binaire. Comme très souvent, les premières victimes en sont les personnes intersexuées, accusées d’être « ambiguës » et de mettre à mal les efforts louables des arbitres de la normalisation binaire [6].
Voici le communiqué de l’OII à ce sujet :
OII Denounces ’Sex Tests’
29 juillet 2008
Les « tests de sexe » pratiqués par les autorités olympiques chinoises officielles ne sont ni scientifiques ni humains, dit l’Organisation Internationale des Intersexes.
Les autorités chinoises ont annoncé qu’elles utiliseraient des tests chromosomiques et génétiques et qu’elles examineraient le corps nu des athlètes féminines aux Jeux Olympiques de Beijing. Selon l’OII, les tests de « sexe génétique » ont été rejetés en 1999 par le CIO car ils se sont avérés invalides.
« Il n’existe pas de test génétique pouvant déterminer avec précision le sexe d’un individu », affirme le Professeur M. Italiano, M.B.B.S. (A.M.), conseiller auprès de l’OII pour les variations biosexuelles. « Ces tests ne peuvent que discriminer les athlètes intersexué·e·s ou transitionné·e·s, en se basant sur une incompréhension totale des faits scientifiques. De plus, il n’y a pas de « test de sexe » utilisé aux J.O. qui permette de séparer ces individus les uns des autres. » Italiano a aussi affirmé qu’il n’était pas prouvé que les personnes intersexuées et/ou transitionnées étaient injustement avantagées par rapport aux hommes et femmes typiques.
L’OII appelle les autorités chinoises à se conformer aux règles du CIO en revenant sur leur intention d’effectuer ces mesures archaïques et humiliantes. Selon un·e porte-parole de l’OII, « Quand une athlète atteint le statut d’élite et qu’elle a été choisie pour représenter son pays dans une arène mondiale, ce dont elle a le moins besoin est d’être publiquement humiliée sur une scène internationale, sur la base d’une idéologie sexiste et discriminante et de croyances erronées. »