L’opération consiste en la construction d’un pénis par un lambeau de peau prélevé sur une zone donneuse (généralement l’avant-bras, parfois la cuisse, la zone latérale du torse ou l’abdomen). Dans la plupart des cas, l’opération s’accompagne d’une extension de l’urètre afin de permettre au patient d’uriner debout. Le pénis obtenu fait 14-18 cm de longueur et 11-15 cm de circonférence ; il ne change pas de taille selon qu’il soit au repos ou en érection après l’ajout de la prothèse érectile.
La phalloplastie par prélèvement de peau sur l’avant-bras est plus simple à réaliser et donne les meilleurs résultats de néopénis ; elle est en même temps la moins esthétique en raison d’une cicatrice importante à un endroit du corps souvent exposé. L’avant-bras du donneur doit subir une épilation définitive (électrolyse ou laser) au préalable.
Le tissus clitoridien est préservé à la base du pénis et prolongé par la greffe d’un nerf. Dans le meilleur des cas la capacité orgasmique se répand très progressivement sur le nerf greffé dans l’année qui suit l’opération.
Les étapes de l’opération (avec prélèvement sur l’avant-bras) :
- le chirurgien prélève la peau de l’avant-bras, tandis qu’un second lambeau est prélevé sur une autre zone donneuse (souvent la cuisse) pour recouvrir l’avant-bras ;
- le greffon est disséqué pour exposer les veines et les nerfs cutanés ;
- l’urètre est allongé par prélèvement de muqueuses vaginales ou buccales ;
- un segment de la veine de l’aine du patient est emprunté pour faciliter l’assemblage de la greffe avec des tissus préexistants ;
- la veine est fixée à l’artère fémorale et assure l’approvisionnement en sang du greffon ;
- le capuchon du clitoris et le ligament sont coupés et le faisceau nerveux est isolé momentanément ;
- le greffon est partiellement rattaché pendant que le chirurgien tente de joindre les faisceaux nerveux ;
- si l’urètre a été prolongé, il est désormais rejoint par un cathéter qui restera en place durant la guérison (2 à 4 semaines) ; dans le cas contraire, la peau est suturée et, si souhaité, le chirurgien procède à la scrotoplastie.
Il existe des alternatives au prélèvement sur l’avant-bras. Celles-ci sont parfois préférées pour des raisons esthétiques, quoique souvent déconseillées par les chirurgiens en raison de la moindre qualité de la peau, résultant en un aspect moins naturel du pénis et une moindre résistance à l’érection. Il s’agit principalement de la prise d’un greffon sur la cuisse et sur l’abdomen (cette dernière laisse une grande cicatrice horizontale sous le nombril). Dans les deux cas, l’épilation définitive est nécessaire.
Selon une technique plus récente le greffon est prélevé sur la zone latérale du torse ; la cicatrice se situe sous le bras et est plus discrète, nécessite peu ou pas d’électrolyse ou laser, la peau donne un bon résultat esthétique pour le néopénis et moins de complications ont été relevées à l’issue de la phalloplastie et de l’ajout de la prothèse érectile.
Plusieurs opérations peuvent être effectuées en même temps que la phalloplastie : une scrotoplastie, soit la construction d’un scrotum sur base des petites lèvres et par l’insertion d’implants en silicone, une vaginectomie, une hystérectomie et/ou une ovariectomie.
La phalloplastie nécessite une ou plusieurs ré-interventions. Ainsi, la construction du gland se fait souvent lors d’une étape ultérieure. Il en va de même de l’implant d’une prothèse érectile, nécessaire aux rapports avec pénétration. À titre d’exemple, en Serbie, un chirurgien effectuait l’intervention en trois étapes, avec entre 3 et 6 mois d’écart entre chaque intervention.
La prothèse érectile, en particulier, sans laquelle aucune érection n’est possible, sera insérée dans le néopénis lors d’une intervention ultérieure. Il existe différents types de prothèses : certaines sont dans un matériau semi-rigide malléable, d’autres fonctionnent selon un mécanisme avec une pompe placée dans un testicule.
La phalloplastie s’est améliorée au fil des décennies et les risques et les complications de la chirurgie ont été réduits. Cependant, ils sont encore assez importants.
L’opération est susceptible d’entraîner une ou plusieurs complications graves, principalement :
- nécrose du néopénis par mauvaise irrigation, nécessitant son ablation
- nécrose partielle des tissus du néopénis
- thrombose de la veine céphalique (obstruction par un caillot de sang)
- ischémie artérielle (pénurie de l’approvisionnement en sang)
- infection
- hématome
Certaines complications sont liées à l’extension de l’urètre, principalement : - fistule urinaire nécessitant une urétrostomie périnéale
- fistule urinaire avec un traitement conservateur
- rétention urinaire (sténose ou rétrécissement de l’urètre)
- complications liées à la prothèse érectile nécessitant son remplacement ou un retrait sans remplacement
L’opération étant lourde et risquée, beaucoup lui préfèrent la métoïdioplastie.
Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Phalloplasty
http://en.wikipedia.org/wiki/Scrotoplasty
http://www.thetransgendercenter.com/index.php/surgical-procedures/phalloplasty.html
http://www.medical-tourism-in-thailand.com/plastic-surgery-phalloplasty-dr.html
http://www.savaperovic.com/ftm-srs-metoidioplasty-total-phalloplasty.htm
Témoignage :
Tom Reucher, opéré par les Drs Stan Monstrey et Piet Hoebeke (Belgique), cinq opérations étalées entre 2000 et 2006, avec complications au niveau de l’urètre et de la prothèse érectile : http://syndromedebenjamin.free.fr/medical/chirurgie/phalloplasties/phalloplasties.htm
Photos :
Dr Perovic (Serbie) : http://www.savaperovic.com/ftm-srs-metoidioplasty-total-phalloplasty.htm
Dr Djordjevic (Serbie) : http://www.genitalsurgerybelgrade.com/ftm_surgery_detail.php?Phalloplasty/2
Implant érectile : http://www.medical-tourism-in-thailand.com/images/ams-700cx-penile-implant-lg.jpg