Résumé
Introduction :
La population de personnes transgenres dans le monde serait comprise entre 0.3 et 2% de la population générale. Il est donc très probable que tout·e médecin généraliste rencontre une fois dans sa patientèle une personne transgenre. A travers ce travail de fin d’étude, nous remarquons qu’il est possible de réaliser, en médecine générale, l’initiation et le suivi d’un traitement hormonal chez une personne transgenre. Cependant, nous remarquons également que la majorité des médecins généralistes ne se sentent pas à l’aise ou pas capables de réaliser celui-ci par manque de connaissances sur les transidentités et sur les traitements hormonaux masculinisants et féminisants. Dans la littérature scientifique, il n’existe aucune étude qualitative qui cherche à comprendre les attentes des personnes transgenres envers leur médecin généraliste dans le suivi de leur transition. Un des objectifs de ce travail de fin d’étude est donc de pouvoir apporter aux médecins généralistes certaines connaissances sur les transidentités et de comprendre les attentes des personnes transgenres vis-à-vis de leur médecin traitant dans le suivi de leur transition afin d’améliorer la prise en charge en médecine générale des personnes transgenres et la relation patient · e transgenre/médecin généraliste.
Méthode :
Les attentes des personnes transgenres vis-à-vis de leur médecin généraliste dans
la prise en charge de leur transition ont été étudiées au moyen d’une étude qualitative. Des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de femmes transgenres prenant un traitement hormonal féminisant dans le but de changer leur expression de genre. En parallèle, ma collègue Hanna Ballout a réalisé la même étude avec la même grille d’entretien semi-dirigé mais en interrogeant uniquement des hommes transgenres. Dans cette étude, un échantillonnage dit "en recherche de variation maximale" a permis d’inclure neuf femmes transgenres durant le mois de février 2021.
Résultats :
L’analyse des entretiens semi-dirigés a permis de mettre en évidence 15 attentes que les personnes transgenres ont envers leur médecin généraliste lors de l’initiation et du suivi d’un traitement hormonal visant à modifier leur expression de genre. Ces mêmes attentes ont pu être relevées dans l’étude d’Hanna Ballout concernant les hommes transgenres. Les témoignages récoltés nous permettent de nous rendre compte que la médecine de première ligne est un lieu idéal pour initier et réaliser le suivi d’une transition féminisante ou masculinisante avec prise d’un traitement hormonal. En ce qui concerne les traitements hormonaux utilisés pour féminiser l’expression de genre, les études scientifiques et guidelines ont majoritairement basé leurs recherches sur une « bithérapie » composée d’œstrogène et d’acétate de cyprotérone. Or, plusieurs mauvaises expériences avec l’acétate de cyprotérone ont pu être rapportées pour les personnes interrogées qui avaient déjà utilisé cette molécule. De plus, la majorité de celles-ci étaient satisfaites de leur traitement lorsqu’il était constitué uniquement d’œstrogène (avec prise ou non de progestérone) sans acétate de cyprotérone.
Conclusion :
Cette étude apporte des pistes de réflexion aux médecins praticien·ne·s pour
améliorer la prise en charge des femmes transgenres désireuses de féminiser leur expression de genre.