À l’heure où un master en « études du Genre » voit le jour en Wallonie, que certain·e·s transforment en « études du transgenrisme », il est temps de montrer ce que le·s transféminisme·s apportent aux théories et analyses féministes et ce que les transidentités ont de spécifiques et de trans-sectionnelles avec les oppressions vécues par les personnes racisées, les pathologisations et exclusions des corps hors-normes, les politiques d’auto-santé face à la médecine et l’inclusivité des personnes transgenres au sein de mouvements féministes traditionnels.
Nous vous invitons à venir écouter, débattre et participer à notre colloque, qui proposera deux plénières et plusieurs ateliers.
1. Plénières
Maud-Yeuse Thomas
Maud-Yeuse Thomas proposera, non pas une définition du transféminisme, mais de son cadre et dire d’où nous parlons. Le transféminisme, c’est déjà un mot pour dire qu’on nous a zappé des débats citoyens de transformation de société, menés par des citoyen·ne·s. Son intervention porte sur quelques-uns de ces éléments. C’est aussi parler d’un retard en France. Maud-Yeuse Thomas s’est affirmée dans le débat queer avant le débat féministe car le contexte nous était massivement défavorable. On pourrait résumer notre sujet par ceci : on a substitué une quête d’identité et un débat de société par un exposé technique sur le « changement de sexe » ; on a substitué une conscience de soi par un ressenti et, de celui-ci, par une pathologie.
La dépsychiatrisation n’est pas achevée que déjà, un autre débat pointe : la débinarisation. Comment en parler, qui en parle, quelles conséquences sur les identifications de genre, sur les normes de sexe, sur l’assignation, sur nos transitions ?
À la présentation médicotechnique du « transsexualisme », nous répondons par un débat global sur la société, la forme des identités et donc des normes. Pour cette raison, nous avons opté pour la recherche scientifique, en nous interrogeant sur les conditions sociales des productions scientifiques elles-mêmes.
Karine Solène Espineira
En considérant le mouvement trans, formé d’une multitude de groupes et d’autant de politiques, comme un mouvement social, on comprend que nous parlons d’un mouvement mobilisé pour la reconnaissance de son existence et de ses droits. Cette première perspective est peu envisagée dans les discours médiatiques notamment.
Que dire alors des politiques transféministes qui découlent directement de la politisation des identités trans qui ne souhaitent pas adhérer sans condition à l’ordre des genres, et qui refusent ainsi de valider un système sexiste et inégalitaire. C’est pourtant ce que certains féminismes radicaux reprochent toujours aux trans, passant, de fait, à côté des apports du standpoint trans (point de vue, réf. à Haraway et la standpoint epistemology), de la critique du patriarcat mais aussi et plus largement de la valorisation politique des alliances.
Plusieurs approches sont possibles pour penser les politiques transféministes, depuis le manifeste Post-Trans de Sandy Stone (1991), le Manifeste transféministe d’Emi Koyama (2001-2003) jusqu’aux développements d’autres auteur·e·s et mouvements comme la Guerilla Travolaka (Barcelona, 2006) et ses passerelles entre Espagne et Amérique latine, ou encore par les relectures et critiques des mouvements anarchistes et libertaires.
Les transféminismes ne peuvent s’écrire qu’au pluriel dans la pratique comme dans la symbolique, et dépassent de loin les seules personnes trans ou les seules femmes cisgenres quand on s’engage dans l’inventaire des injustices et discriminations que produisent nos sociétés.
2. Ateliers
IMPORTANT : Pour assurer l’accessibilité, les participant·e·s à ces ateliers sont invité·e·s à réfléchir sur leur position, s’écouter sans jugement, s’engager à respecter la confidentialité des ateliers : ce que des participant·e·s confient dans ces espaces qui se voudront aussi « safe » que possible n’en sortira pas.
Le Pied à l’Étrier : « Échanges autour de l’auto-santé »
Le Pied à l’Étrier est un espace d’auto-santé non-mixte dédié aux échanges et à la construction de savoirs sur nos corps et nos cycles de vie. Un espace ouvert à toutes les femmes – toutes les personnes qui ont fait, font ou feront l’expérience sociale d’être femme au cours de leur vie – où la diversité des corps et des expériences est plus que bienvenue. Les explorations des vécus des unes et des autres sont les clés de nos autonomies à venir, pour oser faire face à d’autres savoirs dits médicaux, scientifiques, objectifs.
Garance ASBL : « Transmisogynie, comment s’en défendre ? »
Que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans les communautés trans et/ou féministe, que ce soit au travail, à table, en rue ou en réunion militante, l’on peut être confronté·e à la transmisogynie. Heureusement, il y a des outils pour poser des limites claires ou pour s’en aller en étant fort·e. Découvrez vos possibilités d’action, échangez vos trucs et astuces et pratiquez des répliques qui vous renforcent. Cet atelier est réservé aux femmes trans et leurs allié·e·s.
Coord. Collectif : « Mon corps ? Une rencontre créative et militante »
Les personnes « hors-normes » ont rarement l’occasion de poser leur propre regard sur elles-mêmes. Il est souvent accaparé par les hommes cis-hétéros, par le monde médical, par les attentes véhiculées dans les séries, les pubs ou les magazines. Au lieu de slogans faciles et de modes d’emploi à suivre, cet atelier est une rencontre, un espace collectif safe pour écouter notre corps, le regarder, le mettre en scène, lui donner la parole. Des stands individuels ou en petits groupes vous proposeront plusieurs expériences, photographies, lectures, peintures, massages et autres exercices pour prendre conscience de son corps.
